L'art de changer en 5 leçons, selon Philippe Gabilliet

Soumis par Anonyme (non vérifié) le ven 06/04/2018 - 00:00
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Pourquoi et pour quoi changer de vie ? Et comment ? Dans son ouvrage "L’art de changer de vie en 5 leçons", Philippe Gabilliet - professeur de psychologie et de développement personnel à ESCP Europe - nous partage ses convictions. Lui qui, pendant 30 ans, a accompagné des hommes et des femmes sur le chemin du changement. Tout commence par un déclencheur, qui peut être une rencontre avec un Autre ou un Ailleurs...

De nos jours, changer de vie - et plus généralement le changement - est-ce un désir, une nouvelle norme, une nécessité ? "A mon avis, c’est ça qui déglingue les gens, ne pas changer de vie assez souvent," écrit le poète Charles Bukowski. "Aussi audacieux soit-il d’explorer l’inconnu, il l’est plus encore de remettre le connu en question," lui répond le théologien Walter Kasper. Le changement demande de l'audace, et du courage - mot qui vient du latin "cor" (coeur), faire avec le coeur. 

 

C’est un fait: le changement de vie est souvent rêvé, et beaucoup moins acté, mis en mouvement. Car s'immisce, dans ce processus de "changement de vie", des freins, des peurs, des croyances limitantes et, parfois, cette phrase s'échappe de la bouche des prétendants au changement: "je ne suis pas encore prêt". Toutefois, est-on jamais prêt ? Et pourquoi vouloir changer de vie ? Et changer pour quoi ? Afin de se rapprocher de son axe de vie, de son projet de vie dominant, de son désir profond, afin de trouver son Ikigai - sa raison d’être.

Selon le psychosociologue et écrivain Jacques Salomé: "la porte du changement ne peut s’ouvrir que de l’intérieur, chacun en détient la clef". Néanmoins, avant de se saisir de cette clé, comment faire le "deuil" de son ancienne vie - "tous les changements, même les plus souhaités, ont leur mélancolie" (Anatole France ) ? Y-a-t-il des actes à poser ?

"Bien qu’il soit essentiel d’effectuer un bilan et une analyse de votre situation actuelle, par exemple la pesée du pour et du contre face à un changement de vie désiré, vous avez compris que la phase “bilan et analyse”, si on s’y attarde, devient la première source de résistance au changement," écrit Philippe Gabilliet, avant de rajouter: "Car rien n’est plus dangereux, en la matière, que de procrastiner, et savoir différer, ajourner remettre sans cesse au lendemain une décision importante ou une action décisive." 

L’intention positive de cette procrastination ? Nous protéger, nous laisser dans notre zone de confort, de sécurité, notre routine. Cependant, et si cette vie routinière n’était pas la nôtre ? Et si elle ne permettait pas à notre être de pleinement s’exprimer, s’épanouir ?

"Plutôt que d’avouer que le changement de vie leur fait peur, nombre de candidats vous diront simplement qu’ils “attendent d’être prêts”. Est-on jamais prêt à changer de vie ? Sans doute pas," explique Philippe Gabilliet. "Celles et ceux qui sautent le pas ne sont jamais complètement prêts, du moins pas le jour où ils posent la première pierre de leur nouvelle vie. C’est justement parce qu’ils ne sont pas prêts qu’ils entament un processus d’apprentissage, parfois émaillé d’essais-erreurs, qui les conduira de l’autre côté du miroir. Si vous “attendez d’être prêt”, vous traiterez votre changement de vie comme un horizon, c’est à dire comme une illusion d’optique."

"Se réaliser c’est avant tout réaliser quelque chose; c’est décider de faire, d’agir, de poser des actes concrets, d’entreprendre. To do or not to be, s’exclamerait Hamlet aujourd’hui. A ce titre, à l’heure du passage à l’acte du changement, les pires ennemis sont probablement la contemplation, la rêverie, la maturation perpétuelle et l’attente. Car ces mêmes ingrédients, pourtant essentiels à l’heure des bilans et du point sur soi-même, apparaissent au moment de l’action comme autant d’opiums de l’âme. Ne changera jamais de vie qui attend d’être prêt pour le faire." 

 

En effet, il arrive le jour où l’expérimentation doit prendre le pas sur l’introspection. "Changer votre vie est une question d’action, de passage à l’action, davantage que de réflexion ou de maturation. Car on se transforme d’abord en actes, puis en pensées. Il demeure essentiel de savoir à peu près ce que vous voulez faire de votre nouvelle vie, et à quoi elle ressemblera grosso modo. Mais il est inutile d’anticiper le cours des évènements à venir de façon trop précise, trop planifiée (...) certes, la réussite n’est pas toujours garantie. C’est néanmoins l’heure où le “droit à l’erreur” doit s’avancer main dans la main avec son binôme, le “devoir d’essayer”. Et si vous échouez, il vous restera, comme le rappelle le philosophe Charles Pépin, "la chance de pouvoir vous réinventer." Car face à votre changement, vous voici face à deux avenirs à la fois, à savoir ça peut réussir et ça peut ne pas réussir."

"Bienvenue en incertitude," s'exclame alors le professeur en management Philippe Silberzhan. Qui explique que, au lieu d’avoir peur de cette incertitude, autant l’embrasser. Et autant accepter et accueillir ses surprises, bonnes ou mauvaises, afin de rebondir. N’en déplaise aux prétendants au rôle de Cassandre, personne ne peut prédire l’avenir de manière précise. Le futur est certain, et notre avenir est encore à écrire. "Je ne sais pas où je vais à partir de là, mais je vous promets que ça ne sera pas ennuyeux," aimait à dire David Bowie.

Et à Philippe Gabilliet de rajouter: "Là réside toute peur de l‘échec, dans cette tension née du fait de vivre deux avenir à la fois. La seule façon d’affronter cette peur est d’affirmer cette simple conviction optimiste: tout ira bien. Soyons clairs, cela ne veut pas dire que tout ira comme vous voulez. Cela veut dire que dans tous les cas, il se passera quelque chose, que des évènements adviendront, et que, quoi qu’il arrive vous aurez toujours la possibilité d’en faire autre chose."

 

Passer à l’action et ne pas rester sur une idée, un rêve. C’est aussi un aspect que nous avons découvert - dans un autre article de blog - dans l'effectuation, ce concept introduit par la chercheuse américaine d’origine indienne Saras Sarasvathy en 2001. Entreprenseuse, et ne se retrouvant pas dans la littérature entrepreneuriale qui explique l'état d'esprit des entrepreneurs, Sarasvasthy s’est donc penchée sur ces deux questions: comment les entrepreneurs prennent-ils leurs décisions ? Existe-t-il une logique entrepreneuriale ? Le résultat de ses recherches est l'effectuation, un concept que Philippe Silberzhan explique: "L’Effectuation s’oppose à la causation. La causation (ou logique causale) consiste à déterminer un but, et à obtenir les moyens nécessaires pour l’atteindre. C’est la logique dominante enseignée en management. C’est ce qui motive la rédaction d’un plan d’affaire pour les entrepreneurs. Le problème c’est qu’il n’est pas facile de déterminer des buts (trop ambitieux ? Pas assez ?) et surtout qu’on est jamais sûr de réussir à obtenir les ressources nécessaires, et que cela prend du temps. Au contraire, l’effectuation part des moyens pour déterminer les buts. L’entrepreneur se dit « Que puis-je faire avec les moyens dont je dispose ? » Ces moyens sont par définition disponibles, l’entrepreneur peut commencer immédiatement, sans rien demander à personne. En outre, nous verrons que l’entrepreneur détermine ses buts en s’associant avec des parties prenantes, comme un ami, un premier client, un partenaire, etc." Ou comme le dit l’astronome et physicien Hubert Reeves: "Pour explorer le champs des possibles, le bricolage est la méthode la plus efficace."

Le changement peut-être un brutal saut dans l'inconnue - parfois souhaité, parfois imposé, mais toujours appréciable sur le long terme. Ou bien, il peut être une transformation silencieuse. "Vous réussissez à changer de vie lorsque vous mettez en oeuvre toute une série d’actions concrètes, parfois modestes, mais qui finissent par créer une configuration autre, une nouvelle architecture d’existence dans laquelle un scénario original, plus proche de vos désirs profonds et de vos attentes réelles, va commencer à se déployer," conclu Philippe Gabilliet. Alors, quelle décision allez-vous prendre maintenant et qui marquera le commencement de votre nouvelle vie ?

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Pour aller plus loin:

- Dans son ouvrage, Philippe Gabilliet recense 33 questions pour passer à l’action. Des questions que le candidat au changement de vie peut se poser, afin de clarifier ses idées, son projet de vie. Par exemple, de quoi ai-je vraiment envie et dont je ne dispose pas aujourd’hui ? Qu’est-ce que j’éprouve lorsque j’observe celui ou celle que je suis en train de devenir ? Que m’est-il impossible de changer, que ce soit en moi, ou chez les autres ? Qu’est-ce qui m’empêche de vivre comme j’ai vraiment envie de vivre ? Ai-je un pouvoir dessus ? Dans ma nouvelle vie, qu’ai-je l’intention de conserver de ma vie actuelle ? Quelle décision vais-je prendre maintenant et qui marquera le commencement de ma nouvelle vie ? Une fois ma vie changée, ce sera comment (pour les autres) de vivre avec moi ? Afin de réussir mon changement de vie, que vais-je devoir apprendre que j’ignore encore aujourd’hui (savoir-faire, techniques, nouveaux comportements) ?, etc.

- La courbe du changement

 

- L'appel du Héros

 

Source: "L'art de changer de vie en 5 leçons," Philippe Gabilliet, editions: Saint-Simon, février 2018, 120 pages

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Article rédigé par McGulfin / Fabien Salliou

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