La Confiance: entre maîtrise et lâcher prise

Soumis par Anonyme (non vérifié) le ven 05/10/2018 - 00:00
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Invité par la fondation Benoît, hier soir, Charles Pépin - écrivain et philosophe - présentait au Bozar, à Bruxelles, son nouvel ouvrage: "La confiance en soi, une philosophie". Pour Pépin, la confiance repose sur trois piliers: la confiance en l’autre, la confiance en ses capacités et la confiance en la vie. Pour Pépin, la confiance se situe entre la maîtrise et le lâcher prise, et ce afin de faire face au mystère de la vie. Pour pépin, la confiance ne se découvre pas, elle ne se conquiert pas, elle se retrouve. (Si vous souhaitez recevoir nos news, abonnez-vous à notre newsletter !)

Nous ne sommes pas: nous ne faisons que devenir. Nous n'avons pas confiance en nous ? Ce n'est pas grave: prenons confiance en ce que nous pouvons devenir.

Deux ans après son ouvrage "Les vertus de l’échec", Charles Pépin revient avec un livre sur la confiance en soi. "L'un est la suite évidente de l'autre," explique-t-il. "S'exposer à l'échec, c'est oser se risquer dans le monde. Il faut donc avoir confiance en soi pour tenter l'aventure. Mais lorsqu'on se lance, souvent, on échoue. Et seuls les audacieux échouent."

Pour Charles Pépin, la confiance n’est pas que technique. Elle ne repose pas que sur les capacités, les compétences, sur un travail de répétition. Dans notre monde incertain, la répétition est noble, le travail des capacités est louable, mais au final, nous ne sommes jamais totalement préparés. Pire encore, si toute la confiance en soi n’est guidée que par la "compétence", en cas d’imprévus, de surprises, la crise de confiance survient. "Il faut arrêter de réduire la confiance en soi à l'affaire d'une compétence, d'une maîtrise ou d'un savoir-faire. Nous sommes des animaux sociaux et nous avons à conquérir notre confiance dans la qualité de liens qui à la fois rassurent et libèrent : des professeurs, des parents, des maîtres, des amis, etc.”

Pour Charles Pépin, la confiance repose en fait sur trois piliers.

  • La confiance en l’autre: nous prenons confiance dans le regard des autres. "Double manière de donner confiance: d’abord mettre en confiance, ensuite faire confiance. D’abord sécuriser, ensuite “insécuriser” un peu. Nous avons besoin des deux pour nous aventurer dans le monde."
  • La confiance en ses capacités, ses compétences. Soit la technique, la répétition. 
  • La confiance en un tout plus vaste: la vie, la nature, le cosmos, l’univers, etc.

Aussi, la confiance en soi s’articule autour de deux éléments: la maîtrise et l'abandon.

  • La maîtrise, parce qu'il faut connaître un minimum sa matière.
  • L’abandon, parce que la vraie confiance consiste à répéter un savoir-faire pour savoir aller au-delà. Comme la vie est faite d’imprévus, le rôle de la confiance: "c’est de compenser l’impuissance de l’entendement par la puissance de la volonté."

Pour Charles Pépin, il faut chérir l'incertitude, l'accueillir, ne pas la refouler. Et pour cela, il faut "décider". Pépin fait une nette distinction entre "choisir" et "décider".

"Choisir, c'est se reposer sur des critères rationnels. Décider, c'est compenser l'insuffisance de ces critères par l'usage de sa liberté. Choisir, c'est savoir avant d'agir. Décider, c'est agir avant de savoir. (...) Dans notre pratique professionnelle, nous parlons souvent à tort de décisions alors qu'il ne s'agit que de choix. Lorsque nous n'avons qu'à nous fier au bon sens ou à un tableur Excel, lorsque nous n'avons qu'à respecter les habitudes ou les process, nous n'avons, au sens propre, rien à décider. La question de la décision se pose lorsque nous avons épuisé les ressources de notre raison et qu'une part d'incertitude demeure. Si nous ne pouvons être sûrs que notre choix sera le bon, alors nous sommes face à la nécessité de prendre une décision -du latin decidere,"couper", trancher. C'est parce que nous ne "savons" pas qu'il faut décider !"

"Dès lors, gagner en confiance en soi exige donc une métamorphose intérieure: nous devons nous ouvrir en profondeur à l'acceptation de l'incertitude. Cette ouverture est difficile parce que nous utilisons habituellement notre intelligence pour limiter l'incertitude. C'est en cela que nous avons besoin d'une philosophie, peut-être même d'une sagesse. (...) Il restera toujours de l'incertitude.  Mais nous pouvons changer la manière dont nous l'accueillons. C'est le déni qui nous épuise, nous angoisse."

Pour Charles Pépin, la confiance passe aussi par la connaissance de soi: "Si nous savons qui nous sommes, si nous connaissons notre désir, si nous savons où nous allons, nous ne perdons pas confiance." Ce qui n’est pas toujours aisé à faire. Freud, dans son ouvrage "Malaise de la civilisation", dispose - comme le raconte Pépin - "qu’une société se construit sur le renoncement des individus à leur singularité. Pour qu’il y ait société, il faut avant tout de la norme. D’où le malaise: les individus sentent bien que cette norme triomphe au mépris de leurs singularités." Afin de trouver notre singularité, Pépin souligne alors le rôle de l’admiration. "Admirer, ce n’est pas vénérer, ce n’est pas s’oublier dans la contemplation du talent de l’autre. C’est se nourrir. Prendre exemple sur ceux qui ont osé suivre leur étoile pour entreprendre de chercher la sienne. Que nous dit leur exemple ? Qu’il est possible de devenir soi." 

Comme l'explique Charles Pépin: "Avoir confiance en soi, ce n’est pas être sûr de soi. C’est trouver le courage d’affronter l’incertain au lieu de le fuir. Trouver dans le doute, tout contre lui, la force de s’élancer." Et de rajouter: "Dans toute confiance en soi, il y a une forme de confiance tout court. La confiance. Et c'est la vraie confiance. On ne sait pas en quoi, mais on sait qu'on y croit. Cela peut être Dieu, la vie, la beauté, la chance, la nature, le cosmos... "Mais au fond, si on est délivré de la crispation volontariste et du fait de réduire la confiance en soi à l'affaire d'une pure maîtrise personnelle, on va éprouver cette confiance en la vie, On est né un jour, on a été confié au monde, donc on ne peut pas ne pas avoir en retour une confiance minimale en ce monde, à savoir : c'est le mien, c'est ma maison, j'habite ce monde."

Pour aller plus loin: "La confiance en soi, une philosophie", Charles Pépin, Allary Editions, mars 2018, 212 pages

Le sage regarde, en toutes choses, non le résultat, mais la décision qu’il a prise, Sénèque

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FONDATION BENOIT_CHARLES_PEPIN_LA CONFIANCE from Fondation Benoît on Vimeo.

Article rédigé par McGulfin / Fabien Salliou

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