Faire des erreurs délibérées afin d'être moins stupide, moins dans la conviction

Soumis par Anonyme (non vérifié) le ven 14/07/2017 - 00:00
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Ce qui était censé et vrai hier, peut ne plus l’être aujourd’hui, et encore moins demain. "Parce que nous avons toujours fait comme ça", "Faire ceci est contre productif", etc. et si vous commettiez sciemment des erreurs afin d’interroger vos convictions, vos croyances, les postulats sur lesquels sont érigés, par exemple, votre entreprise ? C’est ce que Paul Schoemaker, conseil et chercheur spécialiste de la décision, a effectué au sein de son entreprise, DSI.

 

Paul Schoemaker, fondateur de DSI (Decision Strategy International), convoque une réunion dont le thème est: aidez-moi à préparer et à exécuter une erreur délibérée qui servirait à tester nos postulats, nos convictions quant à l’activité de DSI. "Tout le monde dans l’entreprise était disposé à admettre que certaines de nos croyances étaient erronées et que nous devrions les soumettre à examen," dispose Paul, aussi conseil et chercheur spécialiste de la décision, avant de rajouter: "Mais quand il a fallu passer aux actes, les gens ont trouvé cela pas très sage, voire idiot."

Paul Schoemaker demande alors à tous ses collaborateurs de "dresser la liste de certaines des principales hypothèses inspirant leurs efforts." Cette demande aboutit à faire apparaître la sagesse traditionnelle qui anime DSI: 10 postulats clés.

Paul Schoemaker ramène cette liste à trois et s'intéresse particulièrement au postulat: "Il n’est pas intéressant de répondre aux appels d’offres. Les clients qui publient des appels d’offres recherchent en général le prix le plus bas ou cherchent à justifier un choix déjà fait. Les appels d’offres sont publiés par des clients pour attirer des fournisseurs désireux de travailler pour eux." En effet, la politique de l’entreprise était, à l'époque, de ne jamais répondre aux appels d’offres.

 

Schoemaker décide donc de répondre à la prochaine appel d’offre qui se présenterait à lui. Délibérément, Paul Schoemaker souhaitait commettre une ânerie. C’est ainsi que Paul et ses collaborateurs de DSI répondent à un appel d’offre émanant d’une compagnie régionale d’électricité. Sans rabais, sans concession, DSI remet une proposition qui porte sur un budget de 200 000 dollars. A leur grand étonnement, les dirigeants de la compagnie régionale d’électricité sollicitent une rencontre. Au final, un contrat d’un million de dollars est signé. Et comme Paul J. H. Schoemaker le dira plus tard: "The key question companies need to address is not 'Should we make mistakes?' but rather 'Which mistakes should we make in order to test our deeply held assumptions?"

Et si, vous aussi, vous optiez, de temps en temps, pour des erreurs délibérées ? Et puisqu’elles seront "délibérées", "contrôlées", elles seront plus faciles à "canaliser", à "circonscrire".

Devenir moins "stupide" en commettant des "âneries". "La plupart de vos "âneries délibérées" seront des échecs, et en fait de tels échecs sont encourageants puisqu’ils signifient que vos hypothèses étaient bonnes jusqu’à présent. Au-delà de l’erreur elle-même, le fait d’être disposé à mettre ces hypothèses à l’épreuve à un intérêt en soi. Il montre à vos collègues que votre travail sera guidé par les faits, non par le folklore ou les luttes d’influence," et de rajouter: "Confronter nos hypothèses à la réalité n’est pas facile. Nous le faisons rarement d'instinct." Afin d’être moins dans la "conviction", êtes-vous prêt à commettre une "ânerie" ? Au pire, vous aurez raison, au mieux, vous serez surpris.

Données techniques:

  • Paul Schoemaker, "Brilliant Mistakes: Finding Success on the Far Side of Failure," Wharton Digital Press
  • Chip et Dan Heath, "Comment faire les bons choix ? Déjouer les pièges de la raison pour prendre de meilleurs décisions," Clés des champs, Flammarion

Article rédigé par McGulfin / Fabien Salliou

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