Mémoire, souvenir, de Larry R. Squire

Soumis par Anonyme (non vérifié) le mer 27/02/2019 - 00:00

Professeur de psychiatrie, de neurosciences et de psychologie à l’université de Californie, à San Diego, Larry R. Squire a accordé une interview à Alexandre Lacroix, pour le magazine "Philosophie" de mars 2019. Une passionnante rencontre dont l’objet est un voyage au coeur de la subtile mécanique de la mémoire: comment notre cerveau enregistre un souvenir ? Qu’est-ce qu’un souvenir ? Pourquoi certains souvenirs sont-ils plus vivaces que d’autres ? La mémoire se brouille, puis s'efface. 

"Ce que nous appelons un “souvenir” n’est que le résultat final d’un processus qui commence avec l’attention," explique Larry R. Squire , avant de rajouter: "Or nos capacités d’attention et de mémorisation sont liées à nos centres d’intérêt ainsi qu’à nos habitudes (...) Un exemple que j’aime bien est celui du tennis: si vous regardez un match à la télévision, vous serez peut-être passionné par les retournements de situation, mais un tennisman professionnel à la fin du match pourra vous proposer une analyse de la première balle du troisième set. La qualité de la mémorisation s'accroît avec l’expertise."

Nos souvenirs autobiographiques ne sont pas figés, ils évoluent comme notre cerveau au fil de nouvelles expériences; un souvenir humain est une reconstruction vivante, flexible et approximative.

 

Qu’est-ce qu’un souvenir ? "Lorsqu’on emploie le mot “souvenir”, nous nous référons à la mémoire déclarative. C’est la mémoire consciente, celle qui nous permet d’évoquer des événements passés et ce que nous avons appris. Cette mémoire déclarative est localisée dans la partie du cerveau, l’hippocampe, ainsi que dans les lobes temporaux. Quand certains patients ont une lésion de l’hippocampe, ils souffrent d’amnésie. Mais en travaillant avec ses malades tout au long des années 1970 et 1980, nous avons découvert que, s’ils ne pouvaient pas raconter leur jeunesse, ils avaient conservé malgré tout de nombreuses compétences: ils savent encore nouer leurs lacets, tenir une petite cuillère ou faire du vélo. C’est ce qui nous a conduits à isoler le rôle de la “mémoire non déclarative”, qui désigne ces acquisitions reposant sur l’expérience, et donc sur une forme de mémorisation, sans que nous ayons pour autant accès au contenu de cet apprentissage.”

"La base matérielle d'un souvenir, ce sont les connexions entre les neurones, donc les synapses. Lorsque nous vivons des événements ou que nous apprenons des leçons, certaines connexions synaptiques sont renforcés (...) Pour simplifier, les synapses grossissent." Cependant, le renforcement de ces connexions synaptiques décroit avec le temps, et subissent les inférences de d'autres stimilis. "La plupart de nos souvenirs ne nous accompagent pas toute notre vie (...) La mémoire se brouille, puis s'efface."

Découvrez l’intégralité de cette interview dans le numéro numéro 127 du "Philosophie magazine" - mars 2019.

Article rédigé par McGulfin / Fabien Salliou

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