L'élégance du hérisson de Muriel Barbery

Soumis par Anonyme (non vérifié) le ven 28/08/2009 - 00:00
herisson

Faites-vous partie des rares qui n’ont pas lu ce livre étonnant ?

Il vient de paraître en édition de poche (Folio).

 

 

Il parle avec un égal bonheur de la vie, de la mort, de la solitude, des neurones miroirs, de la conscience, de la phénoménologie (d’une manière claire et drôle) … et bien d’autres choses ...

Par exemple, la phénoménologie vue par l'auteur ....... Quand on veut aborder la phénoménologie, il faut être conscient du fait qu’elle se résume à une double interrogation : de quelle nature est la conscience humaine ? Que connaissons-nous du monde ?

Prenons la première.
Voilà des millénaires que de « connais-toi toi-même » en « je pense donc je suis », on ne cesse de gloser sur cette dérisoire prérogative de l’homme que constitue la conscience et surtout la capacité que cette conscience a de se prendre elle-même pour objet. Lorsque ça le gratte quelque part, l’homme se gratte et a conscience d’être en train de se gratter. Lui demande-t-on que fais-tu ? qu’il répond : je me gratte. Pousse-t-on plus loin l’investigation (es-tu conscient du fait que tu es conscient que tu te grattes ?) qu’il répond encore oui, et de même à tous les es-tu-conscient qui se puissent rajouter. L’homme est-il pour autant moins démangé de savoir qu’il se gratte et qu’il en est conscient ? La conscience réflexive influe-t-elle bénéfiquement sur l’ordre des démangeaisons ? Que nenni. Savoir que ça gratte et être conscient du fait qu’on est conscient de le savoir ne change strictement rien au fait que ça gratte. Handicap supplémentaire, il faut endurer la lucidité qui découle de cette triste condition et je parie dix livres de mirabelles que cela augmente un désagrément que, chez mon chat, un simple mouvement de la patte antérieure congédie. Mais il paraît aux hommes tellement extraordinaire, parce que nul autre animal ne le peut et qu’ainsi nous échappons à la bestialité, qu’un être puisse se savoir se sachant en train de se gratter, que cette préséance de la conscience humaine semble à beaucoup la manifestation de quelque chose de divin, qui échapperait en nous au froid déterminisme auquel sont soumises toutes les choses physiques.
Toute la phénoménologie est assise sur cette certitude : notre conscience réflexive, marque de notre dignité ontologique, est la seule entité en nous qui vaille qu’on l’étudie parce qu’elle nous sauve du déterminisme biologique. ...

L'élégance du hérisson

Muriel Barbery

Edition Folio

 

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