Le vrai pardon, c’est la disparition de l’offensé, en rendant à l’offenseur sa nature de Réalité, Yvan Amar
Archevêque anglican sud-africain, prix Nobel de la Paix en 1984, président de la "Commission Vérité et Réconciliation", Desmond Mpilo Tutu est l’auteur, avec sa fille Mpho, du "Livre du pardon". Un ouvrage qui apporte des propositions de réponses, aussi simples que profondes, sur la portée de l’acte du pardon. "En ouvrant les blessures pour les nettoyer, on les empêchera de s’infecter. La vraie réconciliation n’est jamais bon marché, car elle repose sur le pardon qui est coûteux."
Haute figure de l’Eglise anglicane né près de Johannesbourg, prix Nobel de la Paix en 1984, et président de la "Commission Vérité et Réconciliation" - dont l’objectif était pour tous ceux qui viendraient devant la commission "confesser" leurs exactions, de bénéficier d’une amnistie (soumise à deux conditions : d’abord de ne rien omettre de leurs crimes et délits dans leur déposition, ensuite d’avoir agi sur ordre de leur hiérarchie tout en croyant servir un "objectif politique"), Desmond Tutu nous livre en toute sincérité, sans cacher ni ses doutes ni ses échecs, un magnifique livre sur le pardon, ou "pourquoi le pardon est notre plus grande richesse et notre unique espoir".
"Sans pardon, nous restons enchaînés à la personne qui nous a blessés. Nous sommes liés à elle, piégés par des chaînes d’amertume. Jusqu’à ce que nous soyons capables de pardonner à la personne qui nous a causé du tort, c’est elle qui détient les clés de notre bonheur," expliquent Desmond et Mpho Tutu, avant de rajouter: "Cette personne sera notre geôlier. Quand nous pardonnons, nous nous réapproprions le contrôle de notre destin et de nos sentiments. Nous devenons nos propres libérateurs. Nous ne pardonnons pas pour aider l’autre personne. Nous ne pardonnons pas pour les autres. Nous pardonnons pour nous-mêmes. Ou, pour le dire autrement, le pardon est le meilleur moyen de servir nos propres intérêts et cela est vrai aussi bien sur un plan spirituel, que scientifique."
Ne vous méprenez pas, l’invitation à pardonner n’est nullement une invitation ni à oublier, ni à prétendre que la blessure est moins douloureuse qu’elle ne l’est en vérité, en réalité, ni une invitation à cacher "la fêlure dans une relation, en prétendant que tout va bien alors que c’est faux."En fait, comme le soulignent Desmond et Mpho Tutu, "l’invitation à pardonner est une invitation à guérir et à trouver la paix." "En xhosa, ma langue maternelle," écrit Desmond Tutu, "demander pardon se dit ndicel uxolo: je demande la paix."
En ouvrant les blessures pour les nettoyer, on les empêchera de s’infecter. La vraie réconciliation n’est jamais bon marché, car elle repose sur le pardon qui est coûteux.
A propos de leur ouvrage, Desmond et Mpho déclarent: "Le pardon exige de la pratique, de l’honnêteté, de l’ouverture d’esprit et la volonté (même empreinte de lassitude) d’essayer. Ce voyage de la guérison n’est pas un abécédaire, un livre qu’il faut lire, apprendre et comprendre. Ce voyage de la guérison est une pratique, un acte qui exige notre adhésion pleine et entière. Il s’agit de notre propre chemin du pardon. Pour pardonner pleinement, nous devons développer notre compréhension du pardon."
"Le livre du pardon" est un guide qui, pour le lecteur, l'améne pas à pas sur le long "quadruple chemin du pardon": Raconter l'histoire, Nommer la blessure, Accorder le pardon et Renouveller ou rompre la relation. Et avec cet objectif:"Avec chaque acte de pardon, grand ou petit, nous allons vers la complétude."
Le pardon ne change pas le passé, mais il élargit l'avenir, Paul Boese
Pour aller plus loin, une vidéo entre Desmond Tutu et le Dalai Lama à propos du livre "The Book of Joy"
Données techniques: "Le livre du pardon", de Desmond et Mpho Tutu, Guy Trédaniel éditeur, 223 pages.
- Se connecter ou s'inscrire pour poster un commentaire