La science et l'ignorance

Soumis par Anonyme (non vérifié) le lun 18/02/2019 - 00:00

Que préférez-vous ? Vivre en ne sachant pas ou vivre en ayant des réponses qui pourraient être fausses ? Pléthore de théories, ou de modèles, sont "vraux" - vrai jusqu’au moment où ils deviennent faux. Est-ce problématique ? Après tout la science est basée, au départ, sur l’ignorance. Pourtant, comme le déclarait le mathématicien et philosophe Bertrand Russell: "Ce que les hommes veulent en fait, ce n’est pas la connaissance, c’est la certitude." Et comme le souligne le scientifique Christophe Galfard: "La science n’est pas de la politique et la nature se fiche pas mal de mes opinions, ou de celles de n’importe qui d’autre, d’ailleurs."

"L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les gens sensés pleins de doutes," Bertrand Russell

"Vous voyez, une chose est que je peux vivre avec le doute et l’incertitude, et ne pas savoir. Je pense qu’il est beaucoup plus intéressant de vivre ne sachant pas que d’avoir des réponses qui pourraient être fausses," explique le scientifique Richard Phillips Feynman, avant de rajouter: "J’ai des réponses approximatives, et des croyances possibles et des degrés différents de certitude sur différentes choses, mais je ne suis absolument sûr de rien et il y a beaucoup de choses dont je ne connais rien, comme par exemple si cela signifie quelque chose de demander pourquoi nous sommes ici, et ce que la question pourrait signifier. Je pourrais y réfléchir un peu et si je ne peux pas répondre, alors je passe à autre chose, mais je n’ai pas à avoir une réponse, je ne me sens pas effrayé en ne sachant pas, en étant perdu dans un univers mystérieux sans avoir d’objet, ce qui est le cas pour ce que je peux en dire. Cela ne me fait pas peur."

Une théorie est censée faire avancer la science plutôt qu'à la définir pour l’éternité / "Les hommes naissent ignorants et non stupides. C'est l'éducation qui les rend stupides," Bertrand Russell

 

"La science moderne repose sur le constat latin: ignoramus, “nous ne savons pas”. Elle postule que nous ne savons pas tout," explique Yuval Noah Harari dans son livre Sapiens, avant de renchérir: "De manière encore plus critique, elle accepte que ce que nous croyons savoir pourrait bien se révéler faux avec l’acquisition de nouvelles connaissances. Il n’est pas de théorie, d’idée ou de concept sacré qu’on ne puisse remettre en question (...) La Révolution scientifique a été non pas une révolution du savoir, mais avant tout une révolution de l’ignorance. La grande découverte qui l’a lancée a été que les hommes ne connaissant pas les réponses à leurs questions les plus importantes."

De la faillibilité de nos sens

Pour Christophe Galfard, "nos sens sont nos fenêtres sur le monde, mais ce ne sont que de minuscules hublots donnant sur une immense mer qui nous est inconnue (...) Nos sens sont adaptés à notre échelle, à notre taille, à notre survie. Ils nous permettent de voir, de sentir, de toucher, de goûter notre environnement, ce monde, cette réalité dans laquelle nous vivons. Mais cette réalité à laquelle nos sens ont accès n'est pas l'ensemble de ce qui existe."

Article rédigé par McGulfin / Fabien Salliou

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